Opération de la vésicule biliaire : pas de quoi se faire de la bile !

En France, quelques 80 000 personnes se font enlever la vésicule biliaire chaque année. Cette intervention chirurgicale permet de mettre fin aux risques de complications liés aux calculs, ces petits cailloux qui se forment au niveau de la bile. Des indications aux suites post-opératoires, Doctissimo fait le point avec le Pr. Millat du CHU de Montpellier.

L’ablation de la vésicule biliaire ou cholécystectomie est une opération relativement anodine. Nécessitant une courte hospitalisation, elle permet de soulager les patients en cas de douleurs ou complications dues à des calculs biliaires.

Tous les calculs ne nécessitent pas une opération

La vésicule biliaire concentre et stocke la bile produite par le foie. Ce liquide est composé de cholestérol, de pigments et de sels biliaires. Il participe à la digestion des graisses. Mais parfois, quelques changements dans la composition de la bile ou la présence de germes entraînent la formation de cristaux, qui s’agrégeant les uns les autres, forment des calculs ou "pierres du foie". On parle alors de lithiase biliaire. De taille variable, ces "cailloux" sont la plupart du temps composés de cholestérol (sans rapport avec le cholestérol sanguin). L’obésité, le diabète, les grossesses multiples, des antécédents familiaux ou certains médicaments hypolipémiants comme le clofibrate favorisent de tels problèmes. On remarque également que les femmes sont plus souvent touchées.

"On estime que 10 à 20 % de la population présente de tels calculs identifiables par échographie. Mais heureusement, tous ne nécessitent pas un traitement. En l’absence de symptôme, aucune prise en charge n’est nécessaire" nous précise le Pr. Bertrand Millat, chef du service de chirurgie digestive du CHU de Montpellier. Mais parfois, ces petites pierres s’accompagne de crises douloureuses dues à la distension de la vésicule (dite improprement "colique hépatique"). Des complications plus importantes sont l’inflammation et l’infection de la vésicule (cholécystite aiguë), la migration des calculs dans le canal nommé cholédoque situé entre la vésicule et le duodénum et son infection (angiocholite) ou l’inflammation du pancréas dont le canal principal se termine au même endroit que le cholédoque (pancréatite). Selon le Pr. Millat, "en cas de crises douloureuses répétées ou à l’occasion d’une complication aiguë, on doit recourir à la chirurgie, parfois en urgence. Puisque la vésicule n’est pas vitale, la solution est l’ablation chirurgicale de cet organe (ou cholécystectomie), qui d’ailleurs n’est plus fonctionnel du fait des calculs".

Une chirurgie plus confortable

Pour retirer la vésicule biliaire, le traitement de référence est, depuis 1988, la cholécystectomie coelioscopique. Pratiquée sous anesthésie générale, cette technique consiste à pratiquer quatre petites incisions de 5 mm à 1 centimètre environ sur l’abdomen. Elles permettront l’introduction des instruments nécessaires à l’opération. Du gaz carbonique est introduit pour créer dans la cavité péritonéale l’espace nécessaire à l’opération. La vésicule est alors retirée sous le contrôle d’une mini-caméra introduite dans l’abdomen (laparoscopie). Durant l’opération, une radiographie vérifie l’état du canal cholédoque. "Grâce à cette technique, on améliore le confort post-opératoire du patient. La durée d’hospitalisation est plus courte - un à deux jours. Il est même médicalement possible de demander au patient d’entrer le matin à jeun et de le laisser partir le soir. De plus, la convalescence est nettement plus rapide : d’une à trois semaines" déclare le Pr. Millat.

Ancienne technique, la cholécystectomie par laparotomie reste utilisée dans certains cas particuliers : calculs trop gros, antécédents de chirurgie abdominale, infections… Elle nécessite une incision de 7 à 10 centimètres au niveau de l’abdomen. La durée de l’opération reste sensiblement la même, cependant l’hospitalisation est alors de un à quatre jours et la convalescence est un peu plus longue (pouvant atteindre quatre à huit semaines).

Peu de problèmes post-opératoires

La chirurgie par vidéo-endoscopie est responsable de moins de problèmes post-opératoires : meilleur résultat esthétique, moins de problèmes intestinaux post-opératoires (ballonnements, crampes), de douleurs… Dans ce cas, un traitement analgésique pourra vous être prescrit. "Il est bien sûr recommandé d’éviter durant la convalescence les efforts physiques trop importants et les sports pouvant entraîner des traumatismes (boxe, karaté, judo, ski…). La reprise des activités habituelles doit se faire progressivement" estime le Pr. Millat.

Mais doit-on modifier son régime alimentaire après l’opération ? Selon le Pr. Millat, "si l’indication opératoire a été bien posée, la survenue de symptômes qui seraient dus à l’ablation de la vésicule (syndrome post-cholécystectomie) relève plus de la légende que de la réalité. Il n’y aucune justification médicale à modifier son régime alimentaire en bannissant toutes les graisses. Là-encore, les conseils relèvent plus simplement du bon sens. Mieux vaut éviter les repas pantagruéliques juste après l’opération, sinon les patients peuvent revenir très rapidement à leur régime alimentaire habituel". Cependant, si vous présentez un surpoids ou une obésité, pourquoi ne pas profiter de votre convalescence pour adopter de bonnes résolutions alimentaires ? Pour vous aider, Doctissimo vous prodigue des conseils avisés dans l’espace "Surpoids et obésité".

Si après une ablation de la vésicule vous présentez des nausées et des vomissements, de la fièvre et des frissons, des douleurs et un durcissement de l’abdomen, une récidive des douleurs ou des urines plus foncées, vous devez rapidement prévenir votre médecin. Enfin, sachez que l’équipe hospitalière vous prodiguera des recommandations propres à votre cas particulier. N’hésitez pas à leur demander conseils ou précisions.